La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a tenu, ce vendredi, une séance plénière extraordinaire avec quatre directeurs de publication de la presse écrite togolaise. En cause, des publications jugées contraires à l’éthique journalistique et susceptibles de nuire à l’ordre public.
Sont concernés par cette audition Jérôme Sossou, directeur du Triangle des enjeux, Médar Amétépé, directeur de Liberté, Bienvenu Savi, directeur du Journal du Togo, et Augustin Amégan, directeur du Canard Indépendant.
Conformément aux articles 35 et 37 de la loi organique régissant la HAAC, cette rencontre visait à faire la lumière sur des Unes récemment publiées dans lesdits journaux. Ces dernières comporteraient, selon l’instance de régulation, des « propos injurieux, des images choquantes, et des informations inexactes », notamment en lien avec les manifestations des 26, 27 et 28 juin 2025.
La HAAC dénonce en particulier l’usage de termes outranciers. Le journal Le Triangle des enjeux aurait qualifié les forces de l’ordre de « chiens enragés », un vocabulaire jugé attentatoire à la dignité humaine et aux institutions républicaines.
Le même journal est aussi épinglé pour avoir publié une image non floutée d’une victime présumée de violence, dont il s’est avéré qu’elle provenait d’un fait divers survenu au Nigéria, sans lien avec les événements au Togo.
Le Journal du Togo, pour sa part, est accusé d’avoir induit le public en erreur en mentionnant la présence des Forces Armées Togolaises (FAT) lors des manifestations, alors que les images publiées ne corroborent pas cette affirmation.
Quant au journal Liberté, la HAAC lui reproche un manque d’équilibre dans le traitement de l’information. Le journal aurait relayé le chiffre de 7 morts avancé par certaines organisations de la société civile, sans mentionner le communiqué officiel du gouvernement, ce qui constitue une entorse aux règles d’impartialité et de vérification.
Reconnaissance des manquements et rappel à l’ordre
Lors de l’audition, les responsables de publication ont reconnu les fautes qui leur sont reprochées, présenté leurs excuses et exprimé leur engagement à observer plus de rigueur professionnelle à l’avenir.
Dans une déclaration, le président de la HAAC, Pitalounani Telou, a tenu à rappeler que « La liberté de la presse est un pilier fondamental de notre démocratie. Elle doit cependant s’exercer dans le respect des lois, de la vérité des faits, de la dignité humaine et de la responsabilité sociale du journaliste. »
La HAAC envoie un avertissement en période sensible
Dans ce contexte préélectoral, la HAAC se montre particulièrement vigilante face à la diffusion de contenus pouvant attiser la haine, la colère ou la défiance envers les institutions. Elle appelle donc tous les professionnels des médias à faire preuve de retenue, d’équilibre et d’impartialité, notamment dans le traitement de sujets sensibles.
Le régulateur n’exclut pas, si de tels manquements se répètent, de prendre des mesures appropriées conformément à la loi.
