Églises – Face à la crise sociopolitique persistante qui secoue le Togo, l’Église Méthodiste du Togo (EMT) et l’Église Évangélique Luthérienne du Togo (EELT) ont lancé un appel conjoint à l’endroit de leurs fidèles, de la diaspora, et de tous les citoyens épris de paix et de justice.
Dans ce message pastoral, les deux Églises expriment leur profonde inquiétude face aux tensions grandissantes dans le pays et appellent à un sursaut collectif pour la restauration du vivre-ensemble, de la solidarité et de la justice sociale.
Citant le prophète Ésaïe, « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve », elles exhortent les togolais et togolaises à faire preuve de responsabilité dans la construction d’un avenir commun, malgré les frustrations, les blessures sociales et les incertitudes qui pèsent sur la nation.
Dans leur constat, ces croyants rappellent que les séquelles de la pandémie de COVID-19 continuent d’impacter la vie des populations, notamment les plus vulnérables, aggravant les inégalités sociales dans un contexte de flambée des prix et d’appauvrissement généralisé.
À cela s’ajoute l’émergence d’une élite économique ostentatoire, perçue comme méprisante et déconnectée des réalités du peuple. La corruption, qualifiée de fléau moral et institutionnel, est dénoncée comme un facteur de désintégration du lien social, d’aggravation de la précarité et de menace pour la paix.
Ce climat de défiance favorise l’émergence de mouvements de jeunes marginalisés, organisés en réseaux souterrains et difficilement encadrables, dans un climat de peur, de désespoir et de radicalisation.
Les Églises s’alarment également des pertes en vies humaines survenues lors des récentes manifestations et appellent à une reconnaissance de la sacralité de toute vie humaine, tout en exprimant leur compassion aux familles endeuillées.
Les Églises dénoncent la violence
Dénonçant la violence sous toutes ses formes, l’EMT et l’EELT plaident pour un changement d’attitude. Elles invitent chaque citoyen à cultiver la bienveillance, la générosité et la bonté, rappelant que « la violence nous enlève notre humanité ».
Elles réaffirment la responsabilité morale de protéger les plus faibles et encouragent les autorités à adopter des mesures de clémence, notamment la libération des personnes encore détenues dans le cadre des événements récents, au nom de la réconciliation nationale.
Les Églises proposent également des pistes concrètes : maîtriser les prix des produits de première nécessité à travers des mesures conjoncturelles, amorcer un développement équilibré du territoire afin de corriger les disparités régionales, et mener une lutte résolue contre l’impunité et la corruption pour restaurer la confiance entre les institutions et les citoyens.
Enfin, malgré la gravité de la situation, l’appel se veut porteur d’espérance. Les Églises affirment leur foi dans la capacité des Togolais à surmonter les épreuves grâce à leur intelligence collective, leur courage et leur attachement aux valeurs spirituelles.
Citant le Révérend John Wesley, elles concluent sur une note d’encouragement : « Le meilleur de tout, c’est que Dieu est avec nous ».
Dans un Togo traversé par des turbulences politiques et sociales, cet appel à la paix, à la justice et à la réconciliation s’inscrit dans la tradition prophétique des Églises, soucieuses d’accompagner le peuple dans ses combats pour la dignité et la liberté.
