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Politique

Sécurité en Afrique : Washington change de ton, les États africains sommés de se débrouiller

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Washington
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Washington – L’armée américaine opère un virage stratégique majeur sur le continent africain. Abandonnant progressivement son discours centré sur la bonne gouvernance, la diplomatie et le développement, elle privilégie désormais une approche plus directe : les alliés africains doivent apprendre à se débrouiller seuls face aux menaces sécuritaires.

Ce repositionnement de Washington a été clairement exprimé lors de l’exercice militaire African Lion 2025, le plus important entraînement conjoint en Afrique, rassemblant plus de 40 pays sur 4 semaines.

« Nous devons amener nos partenaires au niveau des opérations indépendantes », a déclaré le général Michael Langley, chef du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), dans une interview accordée à l’Associated Press.

D’un partenariat « global » à un partage du fardeau

Pendant des années, Washington se sont distingués de leurs rivaux (Russie et Chine) en promouvant une approche intégrée, associant sécurité, gouvernance démocratique et développement économique. Ce modèle, mis en avant dans les stratégies américaines précédentes, est désormais relégué au second plan.

Il faut partager le fardeau, selon Washington

« Il faut partager le fardeau », a insisté le général Langley, affirmant que la nouvelle priorité sous l’administration Trump est de protéger la patrie, tout en incitant les alliés à prendre plus de responsabilités dans les zones instables du globe.

Ce changement de Washington s’accompagne de réflexions sur une réduction de la présence américaine, avec la suppression possible de certains postes militaires en Afrique, dans le cadre d’un projet de force plus légère et plus létale.

Dans le même temps, les rivals stratégiques des États-Unis ne restent pas inactifs. La Chine intensifie ses programmes de formation militaire en Afrique, tandis que les mercenaires russes consolident leur rôle de partenaire sécuritaire dans des régions clés comme le Sahel, l’Afrique du Nord ou encore l’Afrique centrale.

Sur le terrain, les armées africaines peinent à faire face. Souvent mal équipées, elles doivent lutter contre des groupes djihadistes de plus en plus puissants. En 2024, le Sahel est devenu l’épicentre mondial du terrorisme, concentrant plus de la moitié des morts liées au terrorisme, selon l’Institute for Economics and Peace. La Somalie, quant à elle, représente 6 % des décès, en dépit du soutien aérien américain intensifié.

« L’armée nationale somalienne essaie de trouver sa voie », a reconnu le général Langley. « Elle a besoin de davantage d’équipements pour être pleinement efficace. »

Une autonomie encore loin d’être acquise

Malgré les encouragements à l’autonomie, plusieurs analystes soulignent l’écart entre les ambitions américaines et la réalité du terrain. Beverly Ochieng, experte du Sahel et des relations internationales chez Control Risks, estime que même avant le retrait progressif des puissances occidentales, les capacités locales étaient déjà insuffisantes.

« Beaucoup de forces africaines n’ont ni aviation efficace, ni capacités de renseignement suffisantes pour suivre les mouvements ennemis, notamment dans des zones aux infrastructures très dégradées », note-t-elle.

Dans les faits, les États africains confrontés à l’insurrection restent tributaires d’un soutien extérieur pour assurer leur sécurité. Or, celui-ci devient de plus en plus conditionné à la capacité de ces pays à se renforcer seuls, un objectif qui reste, pour l’instant, hors de portée dans de nombreuses régions.

Une transition incertaine

Alors que les États-Unis réduisent leur implication directe, les risques de vide sécuritaire se multiplient. L’armée américaine, bien qu’encore présente avec quelque 6 500 membres d’AFRICOM sur le continent, semble vouloir redéfinir sa stratégie en priorisant les zones d’intérêt immédiat et en minimisant son rôle structurel dans la lutte contre l’instabilité en Afrique.

…Washington…

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