Le front citoyen « Touche Pas À Ma Constitution » demande au Fonds Monétaire International (FMI) de mener un audit rigoureux et indépendant sur la gestion de l’argent public au Togo. Cette demande intervient alors que le pays s’apprête à recevoir une mission du FMI dans le cadre d’un programme de soutien financier.
En 2024, le FMI a accordé au Togo un prêt de 390 millions de dollars, soit environ 250 milliards de francs CFA, dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC).
L’inquiétude du front citoyen
Le front citoyen s’inquiète de la manière dont ces fonds sont utilisés. Il rappelle que la dette publique du Togo reste élevée : plus de 4 000 milliards de francs CFA sont encore à rembourser sur les 15 000 milliards empruntés ces vingt dernières années.
Pourtant, selon le mouvement, les Togolais ne voient pas d’importants progrès dans les infrastructures comme les routes, les hôpitaux ou les universités.
Ce nouvel audit du FMI arrive dans un contexte politique difficile. Selon le front, fin juin 2025, au moins 7 personnes ont été tuées lors de manifestations pacifiques, violemment réprimées par les forces de sécurité et des groupes armés.
Le front souligne que ce climat d’insécurité et de manque de liberté nuit à la bonne gestion des ressources publiques.
Pour garantir un audit crédible, le front propose plusieurs conditions.
“Les rapports doivent être rendus publics dans leur totalité, les experts chargés de l’audit doivent être indépendants du gouvernement, les organisations de la société civile, les journalistes, les syndicats, les partis d’opposition et la diaspora doivent être consultés”, a-t-il suggéré.
Le front suggère aussi que le FMI tienne compte des rapports déjà réalisés par d’autres bailleurs de fonds présents au Togo.
Plusieurs sujets doivent, selon le mouvement, être examinés de près. Il évoque notamment la transparence du budget de l’État, les marchés publics, la déclaration de patrimoine des responsables politiques, la lutte contre la corruption, la gestion des entreprises publiques, les privatisations récentes, et l’utilisation des fonds publics à des fins répressives.
Le front souhaite également que le FMI tienne compte des critiques émises dans le passé par les Nations Unies sur les restrictions aux libertés au Togo.
Enfin, le front citoyen insiste sur la responsabilité morale du FMI. Il estime que l’institution ne doit pas, par ses financements, encourager un système basé sur la répression, la corruption et le manque de transparence.
Il appelle le FMI à prendre en compte les droits humains, la justice et la voix des citoyens dans son évaluation de la gouvernance au Togo.