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Politique

Tchad : 25 ans de prison requis contre l’opposant Succès Masra

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Tchad
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À N’Djamena, le climat est lourd. L’ancien Premier ministre tchadien et opposant politique Succès Masra fait face à de graves accusations devant la justice. Ce vendredi 8 août, le procureur général a requis 25 ans de prison ferme à son encontre. Il est accusé notamment d’incitation à la haine, de complicité d’assassinat, et de constitution de bandes armées.

Succès Masra, qui nie l’ensemble des charges, est jugé dans le cadre d’un procès à deux volets. Le premier concerne le massacre du 14 mai à Mandakao, dans le sud-ouest du pays, où 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont perdu la vie. Le second volet cible directement Masra, accusé d’avoir attisé les violences qui ont conduit à cette tragédie.

Un enregistrement audio en langue ngambaye, présenté comme une preuve clé par l’accusation, lui est attribué. On y entendrait un appel à l’auto-défense armée : « Apprenons-nous les uns les autres à utiliser une arme à feu […] soyons tous des boucliers protecteurs. »

L’ancien Premier ministre Tchadien rejette tout en bloc

« Vous avez devant vous un homme qui croit en la justice. Je ne reconnais aucun des faits qui me sont reprochés », a-t-il déclaré, vêtu d’un habit traditionnel blanc.

Depuis son arrestation le 16 mai, Masra est en détention. Ses avocats dénoncent un procès sans fondement solide. « Aucune preuve tangible n’a été présentée. Aucun lien direct ne relie notre client à la scène du crime », affirment-ils.

Âgé de 41 ans, Succès Masra est une figure centrale de la vie politique tchadienne. Formé en économie en France et au Cameroun, il a fondé en 2018 le parti Les Transformateurs, rassemblant une large base de partisans, principalement dans le sud du pays, où il est perçu comme un défenseur des populations souvent marginalisées.

Après une période d’exil en 2022, à la suite d’une manifestation réprimée dans le sang, Masra était revenu fin 2023 après avoir signé un accord de réconciliation avec les autorités de transition. Il avait ensuite été nommé Premier ministre début 2024, à cinq mois de l’élection présidentielle à laquelle il s’était porté candidat, face à Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé vainqueur avec plus de 60 % des suffrages.

Mais cette ascension politique s’est heurtée de nouveau aux tensions persistantes entre le pouvoir et une opposition méfiante.

Aujourd’hui, c’est un homme affaibli, mais déterminé, qui se tient à la barre, alors que l’issue du procès pourrait profondément marquer l’avenir politique du Tchad.

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