Les deux frères, accusés d’escroquerie en ligne, ont comparu devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) les 17 et 31 mars 2025. Selon les autorités, ils se livraient à des activités de cybercriminalité en se faisant passer pour des figures religieuses influentes telles que des prêtres Vodoun ou des marabouts, dans le but d’extorquer de l’argent à leurs victimes tant au Bénin qu’à l’international.
Lors des audiences, l’accusation a révélé que l’aîné des prévenus utilisait plusieurs pseudonymes pour tromper ses victimes.
Il se faisait passer pour un chef suprême, un médecin traditionnel ou encore sous le nom d’« Abdoulaye Traoré », un prétendu professeur en pharmacologie au Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES).
L’accusé aurait convaincu une de ses victimes qu’il possédait la solution à tous ses problèmes, en exploitant sa prétendue expertise dans le domaine de la pharmacologie.
Les preuves présentées par la Cour, extraites des téléphones des deux accusés, ont montré des conversations où l’aîné se faisait passer pour un professeur et prétendait être capable de résoudre les problèmes de ses victimes.
Cependant, face à ces accusations, les deux frères ont nié être responsables de ces actes d’escroquerie. L’aîné a affirmé être tradipraticien, exerçant une activité légitime de consultation, y compris en ligne, pour des clients dans le monde entier. Le plus jeune frère, quant à lui, a déclaré avoir hérité de la pratique de leur défunt père, un « Bokonon » (un prêtre traditionnel), et qu’il était en voyage en Côte d’Ivoire lorsqu’il a été arrêté.
Au cours de l’audience sur l’escroquerie, un incident marquant a eu lieu lorsque le petit frère a été vu avec un chapelet autour du poignet.
Le procureur spécial a remis en cause la véracité de ses dires en soulignant que les vrais « Bokonons » portent un autre type de chapelet, appelé « kplè », et non celui qu’il arborait.
Le 31 mars, après les plaidoiries des avocats et les réquisitions du ministère public, le procureur a qualifié les deux frères de « vendeurs d’illusion » et a requis cinq ans de prison, dont deux ans ferme, ainsi qu’une amende de deux millions de FCFA pour chacun des prévenus.
Une escroquerie liée aux traditions
Selon le procureur, les deux frères ont gravement compromis l’intégrité des traditions béninoises et utilisé la fraude pour exploiter des personnes vulnérables.
De leur côté, les avocats de la défense ont plaidé pour la relaxe, arguant que leurs clients exerçaient une activité traditionnelle et thérapeutique visant à aider les autres.
Selon l’avocat, les accusations sur l’,escroquerie étaient motivées par des rivalités et des jalousies dans leur communauté, où leur succès aurait suscité des rancœurs.
L’avocat a également demandé à la Cour d’acquitter les prévenus au bénéfice du doute si aucune preuve solide ne venait corroborer les accusations portées contre eux.
Le verdict final est attendu pour le 19 mai 2025. Le délibéré de la Cour pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la cybercriminalité et la protection des pratiques traditionnelles au Bénin.