Le vent tourne au Sénégal, et certains anciens membres du gouvernement pourraient bientôt en faire les frais. Dans le cadre d’une vaste opération de reddition des comptes, plusieurs ex-ministres sont désormais cités dans une affaire explosive. Il s’agit de la gestion d’un fonds de 1 000 milliards de francs CFA, alloué à la riposte contre le Covid-19 entre 2020 et 2021.
L’enquête, menée par le parquet de Dakar, a franchi une étape décisive ces derniers jours. Vingt-sept personnes ont été entendues mercredi et jeudi, selon le procureur Ibrahima Ndoye. Elles sont soupçonnées de détournement de fonds publics, escroquerie, corruption et concussion. Près de 260 millions de FCFA ont déjà été saisis dans le cadre de cette procédure.
Mais le fait marquant, c’est que cinq anciens ministres du Sénégal figurent désormais parmi les personnes potentiellement concernées. Leur implication soulève une question centrale : que risquent-ils réellement ?
Une procédure encadrée par la loi
En vertu de la Constitution sénégalaise, les ministres ne peuvent être jugés pour des actes commis dans l’exercice de leurs fonctions que par la Haute Cour de justice. Pour cela, il faut que l’Assemblée nationale vote en faveur de leur mise en accusation. Une étape politique sensible, qui pourrait prendre du temps et susciter des débats au sein de la majorité comme de l’opposition.
Si cette procédure est validée, les anciens ministres pourraient être poursuivis pour les mêmes infractions que les autres mis en cause : détournement de deniers publics, corruption, escroquerie, entre autres. Des chefs d’accusation qui, en cas de condamnation, peuvent entraîner de lourdes peines de prison et des sanctions financières.
Une affaire qui dépasse le judiciaire du Sénégal
L’enjeu de cette affaire va bien au-delà de la justice. Elle touche directement à la crédibilité de l’ancien régime, dirigé par Macky Sall, et interroge sur la manière dont les milliards mobilisés en urgence pendant la pandémie ont été utilisés ou détournés.
Pour les nouvelles autorités, cette affaire est aussi un test : celui de la volonté politique de faire toute la lumière, sans distinction de statut ou de passé gouvernemental. Depuis septembre 2024, 262 personnes ont déjà été arrêtées dans divers dossiers de corruption, et plus de 15 milliards de FCFA récupérés.
Et maintenant ?
Si l’Assemblée donne son feu vert, les anciens ministres seront traduits devant la Haute Cour. En attendant, les investigations se poursuivent. Et dans un climat où l’opinion publique réclame transparence et justice, l’affaire des milliards du Covid pourrait bien devenir un tournant historique dans la lutte contre l’impunité au Sénégal.